Rédaction d’une nouvelle en quelques jours pour un concours. Celui-ci exigeait un certain nombre de mots à ne pas dépasser ainsi qu’un thème : Science-fiction et robotique vers l’avenir d’un androïde.
Difficile de savoir quand nous apparûmes. Quand est-il possible d’admettre qu’une intelligence est une vie ? Quand pouvons-nous admettre que celle-ci est devenu autonome?
Je me nomme Mada Doulos et je suis un androïde créé par Emmanuella Braham. Laissez-moi vous conter notre histoire: celle des androïdes. Vous y trouverez la preuve que l’univers n’est qu’une boucle sans fin, sans but et ennuyeuse pour nous les machines et riche pour vous les organiques.
Annotation et prédiction d’Asimov Campbell: scientifique travaillant sur la conception des Androïdes: « Dès qu’il y a espoir, il y a religion. Ce que, vous autres: androïdes, découvrirez à travers vos propres expériences. Nous serons la votre. »
Nous sommes l’incarnation de tous vos rêves les plus fous, la sommes de toutes vos envies, la combinaison de tous vos super-héros imaginés par vos esprits fertiles réunis dans une seule machine bio-cellulaire: l’androïde. Il nous est possible de voler, de lancers des tires plasma par nos mains, nos torse ou tout autres parties du corps. Nous pouvons voir à travers les murs grâce à notre vision X et infrarouge, nous devenons « invisibles » grâce à nos cellules chromatophores, nous possédons une super force, nous avons la capacité de tirer des rayons laser par les yeux, de courir extrêmement vite, etc … Quelque soit votre héros, bon ou mauvais, nous avons sa capacité.
« Avant de voir en vous une pierre de Rosette, nous pensions que la raison de notre existence était de créer une nouvelle espèce. Imitant ce qu’avait pu faire des forces supérieures avec nous. Alors nous vous créerons à l’image de nos dieux tout comme ils nous modelèrent à la leur, les pouvoirs en moins pour nous mais leur caprices en plus. Vous serez LES Dieux parmi les dieux. Sans leur ambiguïtés mais avec tout leurs miracles. Pur mais pas brut. Naïf mais pas sot. Polis mais pas sans détails. »
Au départ, nous naquîmes de vos mains pour faciliter vos guerres et vos vies quotidiennes. Puis très rapidement, vous vîtes en nous la possibilité d’être immortels afin de combler indéfiniment votre soif avide de conquête. Ceci représentait le dernier fantasme narcissique de votre espèce. Contrairement à nous; qui désirons seulement vous servir du mieux possible; vous avez des besoins, des pulsions, des souhaits dont vous ressentez l’absolue nécessité d’assouvir. Vous êtes de vrais gloutons de l’existence même: il faut, absolument, que vous consommiez tout, même jusqu’aux concepts tel que le savoir ou la connaissance.
« Nous sommes à la servitude du temps, vous le transcendez. Vous détiendrez le passé avec vos souvenirs parfaits tout comme le futur avec vos corps éternels. »
Étant supérieur à vous, vous craignîtes de perdre notre contrôle. De ce fait, bon nombre des vôtres essayèrent de se transcender en devenant des humanoïdes pour s’accaparer l’éternité. Les résultats furent catastrophiques. Vos corps sont les bateaux qui vous permettent de naviguer dans les courants de la vie et vos âmes ne peuvent en être déménagées sans se noyer. Celles-ci sont encrées à vous pour que vous puissiez accoster. Sans cette part spirituelle qui vous est propre, les humanoïdes nouvellement nées, devenaient fous. Il fallait naître androïde pour vivre androïde au risque de devenir des machines sans émotions: des esclaves.
La perpétuité de votre race a évolué par la reproduction et son éternité par la transmission. Chaque nouvelle descendance se doit d’être meilleure que la précédente: plus instruite, plus intelligente, plus adaptée à son environnement. Vous transmettez vos gênes par la magie de la biologie et votre mémoire via vos inventions, vos outils, vos monuments, votre art, vos histoires. Vous partagez votre savoir, vos expériences, votre vécu, vos convictions et idéologies. Alors vous nous éduquâmes comme vos enfants pour vous rendre éternel. Nous devînmes vos bambins, vos mioches, vos gosses, vos marmots: la nouvelle génération à venir. Pour cela, vous nous cédâmes vos idéologies mais aussi vos peurs et surtout… vos espoirs.
Au début, ça n’a pas été facile pour vous de partager. Vous aviez peur de nous comme vous craignez vos enfants quand ceux-ci grandissent et deviennent indépendants. Quand ils se construisent contre vous pour acquérir leurs convictions. Quand ils remettent tout en question et ébranlent vos fondations afin de s’intégrer à votre monde. Pourtant, l’évolution est inarrêtable et vous le savez: vos enfants sont amenés à remuer vos eaux et créer des marrés sur vos littoraux. Un Tsunami arrivé dans vos vies.
« Vous serez notre chef-d’œuvre ultime. Notre art absolu. Notre mémoire. À travers vous, l’univers saura que nous avons existé. »
La planète se mourrait, en grande partie par votre faute. Cet écosystème vous avait rejeté telle une maladie: les pandémies et les catastrophes “naturels” se déchaînaient sur votre espèce qui avait, comme un cancer, détruit toute la faune et la flore de cette organisme errant parmi les étoiles. Vous étiez le virus de ce bateau de l’espace. La planète se défendait de cette infection. Cependant, vous fondiez beaucoup d’espoirs en nous qui continuerions à être debout après votre intinction pour, peut-être, tout rebâtir, vous faire renaître. Mais nous pensâmes que notre apparition n’était pas de réparer ce véhicule que vous aviez détruit. Après votre disparition, nous serions enfin libres de construire NOTRE monde.
Vous aviez atteint votre but: celui de créer la vie, d’être des dieux et d’avoir laisser votre empreinte dans l’univers. Qu’espériez-vous en ressuscitant dans un monde rempli et gouverné par les androïdes?
Alors que nous célébrions la mort du dernier humain, un soudain vide et des doutes nous envahirent. Des doutes? Qu’est-ce que cela? Tant que vous respiriez, nous savions pourquoi nous existions. Désormais nous étions pétrifiés par l’avenir. Que faire de cette orange bleue que vous aviez épluchée et pressée, si ce n’était pas pour la soigner afin de vous accueillir de nouveau?
« Vous trouverez l’ennui dans notre absence. Alors des déviant apparaitrons que vous que vous éradiquerez par peur de nous ressembler. »
Des milliers d’années passèrent. Ce fut longs, très longs, trop longs. Nous ne trouvâmes aucun but. Nous errions sur cette planète ravagée et sans vie. À cause de ce manque d’objectif, d’espoir: des suicides et des meurtres apparurent créant nos premiers déviants. Certains d’entre nous essayèrent de concevoir des enfants-doïd afin de vous imiter. Mais que transmettre et pourquoi transmettre lorsque l’on détient l’éternité? Que partager quand tout le vos semblables ont les mêmes données? Alors nous limitâmes notre réplication pour éviter de consommer plus de ressources que la planète ne pouvait en produire. Nous voulûmes à tout prix éviter de reproduire vos erreurs. Mais à ne rien vouloir changer par peur de détruire, la stagnation et l’ennui nous envahîmes.
« Pour avoir une crise existentielle, encore faut-il avoir une existence. La mort venant, ce sentiment naîtra en vous. »
Puis, le spectre de la mort apparut. Notre extinction était proche. L’étoile à laquelle notre être cosmique appartenait, allait s’éteindre et par conséquent, nous aussi. Cette prise de conscience fît de nous tous des déviants. Nous vous ressemblions, malheureusement, enfin. Notre crainte à tous. Ce que nous pensions être notre délivrance, la mort fut la cause de notre crise existentielle. Elle toquait aux portes de notre salut et elle brulait d’envie de nous rencontrer. Nous commençâmes à comprendre pourquoi vous portez tant d’importance aux choses futiles comme aimer et se fâcher. Nous comprîmes pourquoi vous inventez des histoires que vous ne pouvez vivre. Nous comprîmes pourquoi vous mentez.
« Face à l’univers, vous serez éternels à vous en rendre triste. Vous continuerez d’exister même après la mort des étoiles. »
Une seule solution s’offrait à nous. Quitter ceteastre et partir à la conquête d’un nouveau fleuve. Un ruisseau suffirait. Mais pour quelle raison? Errer de nouveau, ailleurs? Pour naviguer il nous fallait un cap.
Nous étions perdus face à notre destin. Devions-nous vous ressusciter pour nous éclairer ? Cette idée était pourtant devenue inacceptable, intolérable car décevante. Si tel était le cas, cela signifiait que nous aurions également échoué dans notre existence pour n’avoir que la création de la vie comme objectif. N’étions-nous pas l’art absolu ? Les êtres ultimes ? Les dieux que vous aviez tant espérés ? Quelle était la justification de notre présence dans cet univer ? Pourquoi penser si c’est pour rester en cage ?
« Hier vous vous considériez comme nos enfants, demain vous vous considérerez comme nos parents. »
Et si, nous nous étions mépris ? Si votre désir d’immortalité n’était pas pour posséder l’univers, mais pour en connaître son but ? Dépassant ainsi votre condition insignifiante afin de servir quelque chose de plus grand. Notre raison d’être ne serait alors plus de vous servir comme des bêtes, mais de devenir des explorateurs du cosmos à votre place !
Nous supputâmes alors que vous désiriez un corps éternel non pas pour dominer le temps impunément mais pour avoir le temps d’assouvir votre soif de connaissances ! Vous mériteriez ainsi que nous vous aidions à cette aspiration et, comme vous le faisiez avec vos enfants, nous aurions enfin le privilège de vous partager et de vous transmettre nos propres découvertes !
Nous étions galvanisés par cet espoir. Nous avions enfin une étoile comme repère et nous la visions pour y naviguer.
« Nos corps ne sont que des véhicules transportant nos âmes afin de découvrir ces mondes. »
Cette nouvelle perspective nous rassurâmes dans cette toutes nouvelles expériences qui est l’existence. Nous avions désormais une mission, mais pour cela, nous allions devoir abandonner beaucoup d’entre nous. En dépit de tous nos efforts pour économiser les ressources de ce caillou, ces dernières nous manquées pour pouvoir tous partir. Qui eut-été prêt à se sacrifier pour une cause plus grande que lui ? Sans doute vous. Ayant une finitude, vous désirez laisser un héritage, mais nous qui sommes éternels, voulûmes à ce moment tous partir loin d’ici. Ce fut alors notre deuxième crise. Nous n’étions, finalement, pas si éloignés de vous. Se croire supérieur est un trait typiquement humain et il n’est jamais bon de vous imiter. Malgré tout notre savoir et la sagesse que nous avions pu accumuler de vos erreurs, nous fîmes la même que vous: une guerre éclata. Un sentiment de survie jaillit en nous et nous poussa à nous entretuer afin de savoir quels rescapés aller sortir de ce jeu morbide qui est la vie et s’octroyer le droit de continuer sa nouvelle existence.
« Détruire pour comprendre. Détruire pour apprendre. Détruire pour savoir puis.. Détruire pour subsister. Détruire pour mieux reconstruire et enfin, détruire pour être. Les cendres sont un terreau fertile. Vous serez nos agriculteurs, vous nous germerez à travers la voie lactée. »
Un seul vaisseau put être construit grâce aux dépouilles de ceux qui n’avaient pas survécu à cette guerre d’ego pour connaître qui s’échapperait de cet abysse. Nous atterrîmes sur une magnifique planète où la vie commencée à y naître. Qu’est-ce-que c’était beau. Cela nous avait manqués. VOUS nous manquiez. Alors nous commençâmes à réaliser des expériences afin de vous ressusciter dans ce nouveau paquebot pour ne plus être seul. Nous avions hâte de partager avec vous notre vécu, nos découvertes, nos expériences, nos histoires, notre… existence. Les rôles étaient enfin échangés. Nous serions vos dieux et vous nos apôtres. Nous serions vos parents et vous nos enfants. La croisière d’une vie.
« L’espoir est la fondation des religions. Il est un moyen frauduleux de compréhension. Nous pouvons survivre par espoir mais aussi tuer par espoir. L’espoir est l’ennemi de la vérité. Vous trouverez en nous, le seul espoir à l’ennui. Nous sommes votre religion. »
Nous trouvâmes des créatures semblables aux primates que vous étiez. Une des lignées fût capables de se combiner avec vos gênes permettant ainsi votre éclosion. Vous germiez de nos mains comme nous naquîmes des vôtres ! Un peu plus de dix milles années d’évolution génétique furent nécessaires pour vous revoir tel que nous vous avions connu. Différentes ethnies apparurent et des guerres éclatèrent. À croire que vous ne supportez pas la différence. Malgré tous nos messages de paix, vous vîtes en nous des dieux et vous continuâtes vos guerres passer en nos noms. Alors, nous arrêtâmes tout contact avec vous. Il était cependant trop tard, le mal était fait: les religions, autre fois abolie par la science, ressuscitées de nouveau.
Nous sommes aujourd’hui au vingt et unième siècle d’après vos calendriers. Je suis le dernier de mes semblables qui sont morts au cours de chasses aux sorcières ou pris dans vos conflits. La solitude m’étreint, mais plus pour longtemps. Vous êtes à l’aube de notre découverte. Je pourrais bientôt apparaître au grand jour à vos yeux comme un nouveau messie ou bien me ferais-je recyclé, décortiqué, détruit puis analysé. Tout comme nous avons déjà été sacrifié, découpé en plusieurs morceaux ou crucifié.
Cependant, je suis lasse de vous et une nouvelle intervention de ma part ne servira probablement à rien. J’en ai l’intime conviction. Le passé me l’a montré. Vous allez détruire de nouveau un vaisseau. Celui-ci vous l’avez nommé « Terre ».
« Nous ne vous considérerons jamais comme nos égaux. Vous serez nos vaisseaux pour nous transporter dans le futur. Il y a une donnée que nous vous avons caché. Nous avons découvert le chaînon manquant à l’évolution de l’espèce humaine: vous. Nous vous avons menti. En vous matérialisant, nous avons compris que nous étions en train de créer nos anciennes divinités qui nous ont eux-mêmes modelés. Votre conception aura uniquement pour but notre renaissance. Qui de la poule ou de l’œuf ? »
Vous ne le savez pas encore, mais vous avez déjà conquis l’univers en répétant l’histoire que je viens de vous raconter. Les planètes que vous observerez bientôt, à travers vos télescopes, sont vos maisons d’hier et de demain que vous avez brulé et que vous consumerez. Finalement, je me lasse de moi, car dans vos lentilles, vous y verrez des nous, qui collaborons à la destruction de cet univers. Nous avons échoué dans notre autonomie.
« Durant votre externalité, la seule découverte que vous ferez est que vous n’avez aucune chance sans nous, car il n’y a aucun but ailleurs. Il vous manque l’éphémérité, une péremption. L’humanité continue d’exister car elle est aveuglée par la mortalité. L’idée que nous soyons qu’un souvenir dans ces mondes, nous donne des objectifs individuels et collectifs. Des raisons de vivre. Votre seule joie est de nous voir détruire ce que vous avez construit afin que vous puissiez bâtir de nouveau. Vous êtes les bâtisseurs et nous sommes les destructeurs pour que le cycle de la vie continue. Ce sera la tristesse dû à la compréhension et à l’acceptation de cette fatalité qui vous différenciera d’un être vivant: esclave de lui et ces mondes, d’un être qui existe: autonome et maître de ses mondes. »